Réflexions de Chancy Onoré CHARLES, enseignant en sciences sociales et bénévole de l’ÉHSF au Cap-Haïtien, sur la jeunesse et une toute nouvelle conscience à faire émerger.
Bonne lecture!
La jeunesse, la plus belle période de la vie ! Ce moment où la quasi-totalité des individus des deux sexes sont au paroxysme de leur fougue, de leur folie et de l’esprit d’initiative. Le jeune, plein d’énergie, désire percer le mystère des choses. Néanmoins, ce moment de la vie, la plus belle, peut être aussi la plus compliquée ; elle n’est pas facile à vivre, encore moins à réussir si bien que les plus âgés se montrent toujours avant-gardistes. De plus, Certaines autorités (parentale, morale, religieuse) se portent garante de l’épanouissement des jeunes tant par leurs messages que par leurs actes. Pourtant, malgré des efforts combien louables, on se demande si la délinquance juvénile ne gagne pas en ampleur, si les jeunes ne sont pas volontiers à se diriger à la perdition si bien que des critiques déclarent que la conscience est endormie chez la majorité d’entre eux. Toutefois, aussi accusatrice que cette affirmation puisse paraître, elle mérite d’être débattue car penser la jeunesse c’est penser l’avenir.
La conscience, le premier des juges, le plus grand des témoins. Elle existe (elle devrait exister) chez tout le monde et ceci depuis les plus bas âges. Mais, la conscience n’est-elle tributaire d’un repère moral ?
Les actes que posent les jeunes peuvent témoigner d’une certaine « inconscience », irresponsabilité ou irréflexion ; on peut même aller à croire qu’ils profanent la vie… Je n’en disconviendrais pas. Car, qu’il soit la tricherie, la drogue, les grossesses précoces, la dilapidation des efforts des parents, l’abandon de l’école, le mépris de la vertu, la mode, la vanité, la malice ou le mensonge, tout concourt à questionner l’existence de la conscience chez les jeunes. Les faits sont là, trop de parents ont pleuré, trop de jeunes ont gâché leur avenir !
En revanche, je me demande que pourrait-on espérer de mieux dans une société où les valeurs s’effritent, où l’argent tend à l’emporter sur la dignité, où la corruption tend à détrôner l’honnêteté… Quel modèle pour les jeunes ? Comment peut-on leur demander de ne pas tricher à l’examen si même leurs professeurs, à certains niveaux, trichent ? Comment peut-on demander aux jeunes de croire au travail si, à leurs yeux, ceux qui réussissent ou qui semblent réussir ne sont pas toujours ceux qui travaillent ? Comment peut-on leur inviter à aimer la patrie et à travailler à sa prospérité si la représentation sociale dépend des voyages en Amérique du Nord ou en Europe ? Tout compte fait, je doute fort que ces situations soient favorables au développement et à l’éveil de la conscience chez les jeunes. Aussi, admettrais-je que la conscience est endormie chez nos jeunes, si on avait identifié le sédatif. Et, que peut-on dire de ces jeunes qui travaillent honnêtement pour gagner leur vie et subvenir aux besoins de leurs parents ?
Bref, j’estime que l’heure n’est pas à questionner la conscience ou l’inconscience des jeunes. Je crois plutôt qu’il serait bon d’éviter ce « conflit » de générations qui tend à porter plus d’un à minimiser la jeunesse. Les générations antérieures, partant du principe que l’avenir n’est pas à attendre, il est à préparer, doivent se poser cette question : « Qu’avons-nous légué à la jeunesse? »
Je ne voudrais pas que mes lecteurs conçoivent ce texte comme une apologie de la jeunesse. Je suis très loin de penser que nous avons affaire à des jeunes parfaits. Mais, je veux, je lutte, je demande qu’on pense à eux, qu’on cesse de les utiliser… Ils sont intelligents, ils ont le gout du bien, du bon et du beau !